À la Roche-Maurice.
L’archéologie nous révèle l’histoire agitée de cette forteresse au cœur des guerres entre les vicomtés de Cornouaille et de Léon… au travers de huit siècles d’occupation.
L’archéologie nous révèle l’histoire agitée de cette forteresse
Escalier de l’enceinte basse, Château Roc’h Morvan à La Roche Maurice.
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© R. Pérennec, Centre départemental d’archéologie du Finistère (CD29).
A quelques kilomètres de Landerneau, le château de Roc’h Morvan domine la vallée de l’Elorn, ancienne frontière entre la vicomté de Cornouaille et celle de Léon. Son nom traduit à la fois sa position topographique sur un piton rocheux, et le nom de son bâtisseur au XIe siècle, un vicomte de Cornouaille du nom de Morvan.
Seules les fouilles archéologiques nous renseignent sur les deux premiers siècles de l’histoire du château. Le premier établissement fortifié, daté du XIème siècle, est attesté par des traces d’aplanissement de l’éperon rocheux, des lambeaux de sols et des segments de murs mal conservés.
Ce lieu stratégique entre les vicomtés de Léon et de Cornouaille, a rempli un rôle de défense de la frontière. A l’issue d’une guerre féodale, les vicomtes de Léon s’emparent du château en 1163 et étendent alors leur territoire jusqu’à Daoulas. La forteresse de La Roche-Maurice assure désormais un rôle de protection de la ville de Landerneau.
Vers 1180, la vicomté de Léon est démantelée suite à des révoltes contre le pouvoir ducal, le château passe aux mains d’une branche cadette des seigneurs de Léon.
Au XIVe siècle, les vicomtes de Rohan, héritent par mariage du château et de sa seigneurie.
Un château complexe et atypique : huit siècles d’occupation
Tour d’angle en cours de fouille, Château Roc’h Morvan à La Roche Maurice.
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© R. Pérennec, Centre départemental d’archéologie du Finistère (CD29).
Il s’agit d’un château à enceintes multiples, se développant sur près d’un demi-hectare, entouré de larges fossés. On dénombre trois principales enceintes :
- L’enceinte haute, sur le sommet du piton rocheux, abrite le donjon, un logis seigneurial et une porterie qui verrouille les accès vers les autres enceintes.
- L’enceinte basse, située à l’est, contrôle la circulation sur une voie ancienne, et ce qui deviendra plus tard le bourg de La Roche-Maurice.
- La basse-cour, sur le côté ouest, abritait les dépendances, elles aussi entourées de remparts.
Une fortification extérieure, située au-delà du fossé sud, permettait de protéger l’accès au château.
Il aura connu 6 cycles de constructions et destructions, jusqu’à son abandon final et son utilisation comme carrière de pierres.
La forteresse en pierre construite vers la fin du XIIème siècle, adaptée à la topographie complexe du site, se composait d’un donjon au sommet du piton rocheux et de bâtiments entourés de murailles. A l’ouest et au sud, des petites tours semi-circulaires permettaient aux archers de tirer le long du rempart.
En 1489, le château est démantelé par les troupes françaises pendant les hostilités qui voient le rattachement de la Bretagne à la France. Des travaux importants sont entrepris vers 1500, par Jean II, vicomte de Rohan, pour moderniser le château et l’adapter aux récents perfectionnements de l’artillerie.
L’apport de l’archéologie
Ensemble de projectiles, Château Roc’h Morvan à La Roche Maurice.
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© R. Pérennec, Centre départemental d’archéologie du Finistère (CD29).
Propriété départementale, le projet de mise en valeur du site a pu s’appuyer sur une étude archéologique (fouille programmée) exhaustive du château médiéval. L’enceinte haute a déjà été fouillée (2001-2007) pendant sept ans par Jocelyn Martineau de l’INRAP et les fouilles sur l’enceinte basse sont menées depuis 2013 par Ronan Pérennec, archéologue au Centre Départemental d’Archéologie.
Ces recherches ont révélées la complexité du site, l’évolution de la construction et des dispositifs de défense, qui se sont adaptés au fur et à mesure des progrès de l’artillerie.
La succession des occupations ou activités humaines se lit dans le sol par la stratigraphie (superposition des couches de terre : sols aménagés, démolitions, remblais …) mais aussi dans les murs, qui donnent lieu à des études d’archéologie du bâti. Les murs ont souvent fait l’objet de réparations ou de reconstructions, qui ont laissé des traces. Les objets découverts permettent de dater les différents niveaux et retracer la vie quotidienne des habitants du château (objets de parure, céramiques, armes, ustensiles métalliques et ossements d’animaux).
La fouille se poursuit dans une optique scientifique, parallèlement à la consolidation et la restauration des maçonneries, afin de restituer les résultats au public.
Mise en valeur et visite du site
La Mission patrimoine architectural (dirigée par Anne Badiche-Desille) du Département du Finistère, mène le projet de valorisation du site dans sa globalité. Un circuit avec panneaux explicatifs permet une visite libre. L’accès à l’enceinte haute est gratuit.
L’enceinte basse en cours de fouille, n’est pas accessible pour des raisons de sécurité. Une Maison du Patrimoine, à l’entrée du site, apporte des renseignements complémentaires, grâce à la collaboration de l’historien Patrick Kernévez, de l’Université de Bretagne Occidentale et des archéologues du site.
Fouilles au château
Vue aérienne du château
Reportage sur Tébéo
Dans son émission L'instant été du 18 août 2020, la chaîne de télévision Tébéo a réalisé un reportage sur le chantier du fouille, vous pouvez le découvrir sur le site web de Tébéo (début à 4 minutes et 20 secondes).
Le Château de Roc'h Morvan - Galerie photos


















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