Le 18 juillet 2022, à 14h30, un incendie de grande ampleur s’est déclaré sur la commune de Brasparts, au cœur des Monts d’Arrée, détruisant plus de 2 208 hectares de landes et de forêt. Le 7 juillet 2023, un an après les incendies, le site du Mont Saint-Michel de Brasparts a été restauré et restitué aux Finistériens.
Sommaire
Après les incendies, une mobilisation de tout le Finistère
Dès le 26 juillet 2022, le Président du Conseil départemental Maël de Calan et le Préfet du Finistère Philippe Mahé ont annoncé le lancement d’un plan d’action partenarial permettant de favoriser la restauration des patrimoines dégradés, de prévenir les incendies et de valoriser le territoire. Le premier comité de pilotage s’est tenu le jeudi 1er septembre à la Maison du Département à Quimper, puis s’est régulièrement réuni, une fois par trimestre.
Le Département et l’État s’étaient donné un an pour restaurer le site. Plus de 50 acteurs ont participé aux travaux et deux réunions publiques d’information ont été organisées afin de partager avec le plus grand nombre les orientations et les avancées sur les travaux engagés. Un an plus tard, quasiment tout ce qui relevait de la main de l’homme a été restauré ou engagé.
Le comité de pilotage
Le comité de pilotage de la restauration a été présidé par le Préfet du Finistère et le Président du Conseil départemental. Il a réuni toutes les institutions et acteurs du territoire, et leurs partenaires techniques et scientifiques : les services du Conseil départemental, de l’État, du SDIS, de la gendarmerie ; du PNRA ; les collectivités territoriales concernées (communes, EPCI et Région, syndicats mixtes), les parlementaires, la Chambre d’agriculture, les syndicats agricoles, le Conservatoire botanique de Brest, Bretagne Vivante, la Fédération des chasseurs du Finistère, le Collectif de préservation des Monts d’Arrée, le Syndicat des forestiers et le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) de Bretagne.
Le Plan d’action pour la restauration du site
Le plan d’action présenté le 1er septembre 2022 s’est articulé autour de trois axes majeurs : restaurer ce site emblématique, prévenir les prochains risques d’incendies et valoriser ce patrimoine naturel.
Restaurer, pour atténuer les impacts de l’incendie, diagnostiquer les impacts environnementaux et économiques, restaurer les espaces et favoriser la régénération de la végétation, indemniser les agriculteurs pour leur contribution à la lutte contre les incendies.
Prévenir, pour entretenir les landes et protéger en préparant le territoire au risque d’incendie et en renforçant la réglementation et la surveillance.
Valoriser, pour promouvoir la découverte du patrimoine (naturel, paysager, historique…), favoriser des usages agricoles adaptés et valoriser les activités de pleine nature respectueuses, comme la randonnée. Parallèlement à ce plan d’action, le comité de pilotage a décidé la création de groupes de travail thématiques pour alimenter la réflexion autour de la nature et du paysage, des usage, de l’agriculture et de la défense de la forêt contre les incendies.
La restauration du site des Monts d’Arrée
Après les incendies des Monts d’Arrée de juillet et août 2022, le Département a décidé de réparer les équipements abimés, d’augmenter la surveillance incendie et d’aménager le site. Le site est désormais ouvert à tous.
Des actions mises en œuvre immédiatement et déjà de nombreux résultats concrets
Le plan d’action s’est rapidement matérialisé par des réalisations concrètes. Les équipements incendiés ont été remplacés : des clôtures pour les éleveurs, des équipements d’accueil des visiteurs sur les sites les plus fréquentés (escaliers, rampes, signalétique sur la montagne Saint-Michel…). Les poteaux téléphoniques ont été enlevés et les lignes ont été ou vont être enterrées sur 2 km afin de valoriser le site.
Les incendies ont par ailleurs révélé la présence de décharges sauvages, jusque-là camouflées par la végétation : carcasses de véhicules, produits dangereux, mobilier et matériaux divers, gravats… Elles ont toutes été évacuées. Les arbres incendiés ont été coupés, en particulier lorsqu’ils se situaient à proximité des axes de circulation et des pistes utiles.
La nature reprend vie
Après avis des experts, il a été décidé de privilégier la régénération naturelle des Monts d’Arrée. En effet, les feux sont fréquents dans ces milieux de landes, dont la végétation se reconstitue spontanément, même si les traces de l’incendie restent visibles pendant un certain temps. Les observations sont par ailleurs plutôt rassurantes sur la faune des Monts d’Arrée, notamment sur les trois espèces emblématiques du parc : le busard Saint-Martin, le busard cendré et le courlis cendré.
Des études et un suivi environnemental ont été confiés par le Département à différents partenaires mobilisés pour la restauration du site (Parc naturel régional d’Armorique, Bretagne Vivante…). 70 hectares de landes ont déjà été acquis par le Département pour mieux les protéger à l’avenir. Un dispositif préventif a été mis en place, avec une surveillance assurée par des écogardes à cheval.
Installation d’un parcours d’interprétation
Avant la restauration du site, aucun élément de contextualisation n’était installé pour guider les visiteurs. Un parcours d’interprétation a ainsi été installé le long des 3,5 km de promenade qui entourent la chapelle. L’objectif est de proposer aux promeneurs des informations de contexte, d’histoire du lieu, ses contes et légendes, mais aussi des éléments écologiques, de découverte du paysage, de gestion de la lande, des tourbières, etc.
Restauration du patrimoine : la chapelle fait peau neuve
La chapelle Saint-Michel, construite en 1674 sur le Mont Saint-Michel de Brasparts (culminant à 381 mètres), est devenue propriété du Conseil départemental en 1965. Constituant un emblème du patrimoine breton, son emplacement offre un magnifique panorama. Suite aux incendies, elle a été entièrement restaurée et a pu être restituée aux Finistériens dès le vendredi 7 juillet 2023, soit moins d’un an après les incendies.
Toiture, vitraux, mobilier : la chapelle entièrement restaurée
Grâce à la mobilisation des pompiers, les incendies ont épargné la chapelle. Néanmoins, en raison de son état, le Département avait déjà programmé une restauration de la toiture, bien avant que les feux ne se déclarent. Suite aux incendies, il a finalement décidé de lancer un chantier plus vaste. Cette rénovation a été financée par un mécénat de 550 000 euros d’Artémis, société holding de la famille Pinault, à l’initiative de François Pinault.
Avec ce don, le Conseil départemental a pu donner une plus grande ampleur au chantier de rénovation. Débutés à l’automne 2022, ces travaux ont permis de restaurer les murs dégradés par l’humidité ainsi que la charpente, en employant des techniques traditionnelles respectueuses de la simplicité de l’édifice. Réalisés par des artisans locaux (maçon, charpentier, couvreur, céramiste, sculpteur, ferronnier…), ces travaux ont également permis de réinstaller des éléments de la chapelle qui avaient disparu, comme la cloche, qui sonnera à nouveau !
Un nouveau mobilier liturgique a également été commandé au designer finistérien de renommée internationale, Ronan Bouroullec, par le diocèse de Quimper et Léon, affectataire de la chapelle au titre de la loi de 1905. Ronan Bouroullec a traité cette commande dans un esprit de dépouillement et de sobriété qui s’accorde au caractère du lieu. Il a souhaité donner une place importante à la présence et au mystère de la lumière.
François Pinault et Jean-Jacques Aillagon, son conseiller spécial, remercient chaleureusement Ronan Bouroullec d’avoir accepté de concevoir gracieusement le mobilier de la chapelle en faisant apport de son travail de création artistique.
Ronan Bouroullec : un designer finistérien de renommée internationale
Ronan Bouroullec est un designer français né à Quimper en 1971. Il est diplômé de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs.
Depuis plus de trente-cinq ans, Ronan Bouroullec dessine des objets singuliers qui questionnent les relations entre les personnes et leurs environnements intérieurs, en collaborant avec des éditeurs internationaux.
Les créations de Ronan et d’Erwan Bouroullec s’étendent de l’artisanat à la grande série et sont entrées peu à peu dans notre quotidien. Ils mènent aussi une réflexion sur l’espace publique par des installations pérennes, notamment le Lustre Gabriel au Château de Versailles, 2013 ; les Fontaines des Champs-Elysées, 2019 ; le Belvédère à Rennes, 2020 ; la Bourse de Commerce-Collection Pinault à Paris, 2021.
Plusieurs expositions monographiques à travers le monde leur ont été consacrées notamment au Centre Pompidou-Metz, 2011 ; Musée des Arts décoratifs à Paris, 2013. Leurs réalisations ont intégré les plus grandes collections internationales. Ils ont reçu de nombreuses récompenses parmi lesquelles le Grand Prix de la Création de la Ville de Paris, 1998.
Le chantier
Le chantier de rénovation de la chapelle et de création de son mobilier a été suivi avec attention par Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture et président de la Mission des enclos paroissiaux du Finistère.
La restauration de la chapelle Saint-Michel a été entièrement réalisée par des artisans locaux, pour beaucoup d’entre eux spécialisés dans la rénovation du patrimoine.
- Maître de l’œuvre : Bernard Le Moën, Architecte DPLG, 29690 La Feuillée.
- Grous-oeuvre et maçonnerie : Lefèvre Centre Ouest, 29190 Brasparts, 02 98 81 40 21 / Art’ Camp, 22120 Pommeret, 02 96 50 56 11.
- Charpente et menuiserie : Entreprise Le Ber, 29450 Sizun, 02 98 68 86 19.
- Couverture : Entreprise Coadou, 29450 Commana, 02 98 61 70 84 / Couverture des Monts, 29190 Brasparts, 06 33 79 54 28.
- Ferronnerie d’art : Mathieu Cabioch, 29680 Roscoff, 06 61 95 89 55.
- Taille de pierre : Christophe Chini, 29530 Plonévez-du-Faou.
- Vitraux : Atelier Mackenzie, 22260 Saint-Clet, 02 96 95 11 67.
Avoir une guerre d’avance contre le feu
L’été dernier, d’importants incendies ont ravagé les Monts d’Arrée. Afin de donner à nos pompiers les moyens de faire face à de tels feux, le Département et l’État ont décidé d’investir massivement pour « avoir une guerre d’avance » face au feu.
Été 2022 : une forte mobilisation
Entre juillet et août 2022, les incendies des Monts d’Arrée ont ravagé 2 208 ha de landes et de boisements. 410 personnes ont été évacuées. Grâce à l’intervention des pompiers, des gendarmes et des élus locaux, aucune perte humaine n’est à déplorer.
Pour maîtriser les feux, d’importants moyens de secours ont été mobilisés : plus de 2 000 sapeurs-pompiers du Service départemental d’incendie et de secours du Finistère (SDIS 29), soutenus par des pompiers d’autres départements ainsi que des moyens aériens français et étrangers.
Les agriculteurs ont également prêté main-forte à nos pompiers pour lutter contre ces incendies en mobilisant leurs tracteurs et tonnes à eau.
4 M€ du Département versés en urgence au SDIS 29
Le Conseil départemental a versé 4 millions d’euros au SDIS 29 pour faire face aux dépenses imprévues induites par la lutte contre l’incendie.
Grâce à cela, les sapeurs-pompiers ont pu être rémunérés, les engins abîmés ont été réparés, ceux brûlés ou irréparables ont été remplacés, de même que les équipements de protection.
Cette subvention a également permis de couvrir les dépenses induites par certaines opérations menées pour lutter contre le feu : travaux de terrassement, alimentation des pompiers, logements pour les renforts extra-départementaux, carburant.
En plus de ces dépenses, le Département a dédommagé les agriculteurs qui se sont associés aux pompiers dans la lutte contre les flammes.
Investir pour être mieux préparés
Le Conseil départemental est le plus gros financeur du SDIS 29. Il participe à son budget à hauteur de 30 millions d’euros par an, ce qui représente la moitié de son financement. Le solde est financé par les communes et les Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI).
Le Conseil départemental a décidé d’investir davantage, pour mieux équiper les pompiers avec du nouveau matériel, mieux former les femmes et les hommes qui combattent les feux et mieux coordonner les interventions de chacun avec des tactiques révisées.
Un plan de lutte contre les feux de forêt en Finistère
15 nouveaux camions citernes feux de forêts. Ces camions, très agiles sur tous les terrains, sont destinés à la lutte contre le feu dans les milieux difficilement accessibles. Une partie de ces 15 nouveaux camions viendra remplacer du vieux matériel, et une autre partie viendra augmenter les capacités.
1 avion de reconnaissance aérienne. Basé à Poullaouen, cet avion tournera dans le ciel finistérien avec des opérateurs à bord pour repérer les incendies plus tôt. Avec un potentiel de vol de 5 heures consécutives, il décollera dès que les conditions météo favoriseront l’apparition d’un incendie ou sur demande du centre opérationnel.
1 hélicoptère bombardier d’eau. Basé à Pluguffan, cet hélicoptère peut porter une charge de 1 000 litres d’eau. Il est présent dans le ciel finistérien depuis fin juin. Il permet aux pompiers d’intervenir de manière ciblée n’importe où dans le département en moins de 15 minutes.
Renforcement des moyens technologiques des pompiers. Le SDIS 29 va acquérir de nouvelles technologies pour renforcer les capacités de détection et de lutte contre les feux de forêts et d’espaces naturels. Il s’agit de caméras de haute précision, placées sur des points hauts, qui détecteront les fumées d’incendie.
Une formation aux feux de forêts. Le SDIS 29 souhaite former 80 % de ses effectifs à la lutte contre les feux de forêts d’ici 2027. Un simulateur d’incendie en réalité virtuelle basé sur les données du Finistère a été acquis pour permettre aux pompiers de s’entraîner toute l’année.
Des manœuvres avec les agriculteurs. Une convention a été signée avec la Chambre d’agriculture afin d’établir des protocoles d’intervention des agriculteurs lors des feux, de déterminer comment ils s’insèrent dans la chaîne de commandement et de nommer des agriculteurs référents sur le territoire.
Une mobilisation anticipée. Afin d’intervenir rapidement, davantage de véhicules seront pré-positionnés dans les zones identifiées comme « à risque ».
Une connaissance accrue du territoire et des conditions d’intervention. Une évaluation précise et quotidienne du risque sera réalisée à l’aide d’indicateurs météorologiques fournis directement par Météo-France et complétée par un système de cartographie opérationnelle offrant une connaissance fine du territoire avant l’intervention.